Dans le ventre de la baleine”est un ouvrage d’essais et de critiques littéraires de Georges Orwell édité par “L’encyclopédie des nuisances”. Les essais sont, comme à l’accoutumé chez Orwell, d’une grande clairvoyance politique et les critiques littéraires justes et savoureuses. On y trouve, outre une analyse complète des romans de Dickens, quelques petits chefs-d’oeuvres et en particulier le sus-nommé dans le ventre de la baleine qui s’ouvre sur la critique du “Tropique du Cancer”de Miller pour dériver sur une pléiade de grands et bons auteurs analysés par Orwell.
Orwell voit Miller, comme Jonas avant lui, dans le ventre de la baleine, à l’abri, bien au chaud et se gardant bien de donner son avis sur les différents évènements qui l’entourent.
“Dans le cas de Miller, il se trouve que la baleine est transparente. Il voit bien le monde qui l’entoure, mais, il reste passif, il n’éprouve pas le besoin e modifier et de maîtriser le destin qui est le sien. Il a accompli l’acte essentiel de Jonas : il s’est laissé avaler, il accepte.”….”Cela revient à dire, je m’en fous, ou qu’importe.”
La position n’est certes pas facile à justifier mais Orwell parvient à la rendre claire et louable.
J’aime beaucoup cette image. Peut-être parce que je me trouve moi aussi dans le ventre de la baleine, bien au chaud, ici, dans un pays où l’on ne peut faire que vivre et où l’avenir ne dépasse pas la durée d’une journée bien faite.
Néanmoins, je vais tenter de donner ici clairement mon sentiment sur les différents livres qui vont passer entre mes mains.
L’article d’Orwell s’achève sur la phrase suivante :” toute grande littérature est impossible tant que le monde n’aura pas été reconstruit sur de nouvelles bases”.